Depuis deux ans, des délégations chinoises franchissent les Cévennes pour découvrir le savoir-faire local. La province du Guizhou, région montagneuse du sud-ouest de la Chine, a concrétisé cette relation en signant fin septembre avec le conseil général un accord après une visite conduite par le vice-gouverneur Wang Zhengfu.
Cette province de 35 millions d'habitants, d'une surface équivalente aux deux-tiers de la France, caractérisée par son relief karstique et ses 20.000 sources, ne pouvait que s'entendre avec le "pays des mille rivières", surnom de la Lozère (quelque 70.000 habitants).
Baptisée "royaume des grottes", la province, qui a initié l'an dernier une coopération avec l'Organisation mondiale du Tourisme (OMT) et l'Administration nationale du Voyage et du Tourisme de Chine (ANVTC), bénéficiera de l'assistance d'experts français pour l'aménagement touristique des grottes, technique éprouvée en Lozère.
Des échanges entre étudiants complètent ce partenariat.
"La Chine représente un immense marché touristique. Il est important que des départements ruraux puissent s'ouvrir à ces échanges mondiaux sans complexe", affirme Pierre Spirito, directeur du comité du tourisme de Lozère.
Tout en prenant garde au risque de "pillage", le conseil général assure que le département peut aussi faire partager aux Chinois diverses compétences : conservation du patrimoine, formation des pompiers aux feux de forêts ou agriculture.
Intéressée par la gastronomie de la Lozère, la province du Guizhou souhaite aussi introduire la race "Aubrac" en croisement pour accroître les performances de son cheptel, et lancer une apiculture de montagne à la manière lozérienne. En attendant, peut-être, d'importer ces rugueux fromages de brebis comme le Fédou, fabriqué dans la laiterie de Hures-sur-Parade.
"Les fromages ne sont pas encore bien appréciés. Mais, il y a des dizaines d'années, quand la bière est venue d'Europe, les Chinois disaient que c'était du pipi de cheval. Aujourd'hui, c'est la première boisson dans notre pays", observe Li Guisheng. Selon cette homme d'affaires originaire du Ghizou, "la Chine a souffert de sa fermeture à l'extérieur pendant longtemps et elle a aujourd'hui besoin d'apprendre". |